11.

À la sortie du métro Bastille, Ari s’arrêta pour savourer le moment : retrouver son quartier était la seule chose positive qui lui fût arrivée depuis la veille.

Il se sentait chez lui, à l’ombre de la colonne de Juillet. Pour rien au monde il n’aurait abandonné le secteur, ni son appartement situé au début de la rue de la Roquette, dans un ancien immeuble dont la seule gloire, à en croire le panneau qui ornait la façade, était d’avoir accueilli Paul Verlaine et sa mère pendant une année… Les plus chauvins du quartier affirmaient même que le maître du clair-obscur y avait rédigé Les Poètes maudits, et les autres, beaucoup plus nombreux, n’en avaient tout simplement rien à faire. Ari appréciait l’anonymat dont on pouvait encore jouir dans une rue si fréquentée. Bien sûr, quelques-uns des plus anciens commerçants – et une bonne partie du personnel de l’An Vert du Décor, le bar qui avait sa prédilection – savaient plus ou moins qu’il était flic, ou quelque chose comme ça, mais les visages changeaient souvent, les boutiques se renouvelaient rapidement et les traiteurs chinois se chassaient les uns les autres à la même vitesse que celle de la hausse de l’immobilier. Anonyme ou non, après quinze années passées dans le coin, Ari avait établi des routines rassurantes qu’il n’était pas près d’abandonner.

Arrivé dans son appartement, il fut accueilli par les ronronnements de son vieux chat de gouttière.

— Tu dois mourir de faim, mon pauvre Morrison !

L’animal qui hantait le domicile d’Ari Mackenzie était une légende. Nul ne connaissait son âge réel, mais il devait avoir au moins quatorze ans puisqu’il était arrivé clandestinement dans le deux-pièces peu après qu’Ari avait emménagé. Il n’était pas très beau, pas très aimable et Ari disait qu’il miaulait faux et de dos, raison pour laquelle il l’avait appelé Morrison, lui qui n’avait jamais été un fan des Doors. Mais avec le temps, il s’était attaché à l’animal et jamais il n’aurait supporté qu’il s’échappe de l’appartement et retourne vivre dans les rues de Paris, avec les plus voyous de ses congénères.

Il lui donna à manger, puis il se servit un whisky et s’installa à la table du salon pour lire son courrier. La première enveloppe était une relance d’EDF. Ari ne prit pas la peine de l’ouvrir et la déposa sur la pile qui s’entassait derrière lui. Son salaire de commandant de police était tout à fait honorable, mais entre les mensualités de ses deux prêts immobiliers – quelques années plus tôt, sur un coup de tête, il avait aussi acheté une petite maison dans l’Hérault où il se réfugiait dès qu’il pouvait – et l’argent qu’il consacrait à son père, Mackenzie avait souvent des fins de mois difficiles. Il avait pris la mauvaise habitude de régler ses factures en retard, et c’était devenu un cercle vicieux. À peine payait-il les deux ou trois mois accumulés que déjà les nouvelles quittances arrivaient… La deuxième enveloppe contenait une carte postale de sa tante Mariam qui lui demandait quand il viendrait enfin la visiter à Nice, où elle avait ouvert un restaurant. Il la mit de côté en se promettant d’y répondre au plus vite. Mariam était la seule famille qui lui restait du côté de sa mère ; il s’en voulait de ne pas lui accorder plus de temps. Le reste du courrier n’était que publicités et relevés bancaires. Le lot quotidien, comme si rien n’avait changé, comme si la mort de Paul n’altérait aucunement le cours des choses.

Ari but son whisky d’une seule traite, il partit se doucher, se raser, avant de ressortir.

Au coin de la rue des Tournelles, de l’autre côté de la place, Ari aperçut la devanture bigarrée du Passe-Murailles. C’était une librairie à la façade d’un vert terni, étroite, coincée entre une banque et la porte cochère d’un immeuble haussmannien. Dans la vitrine, derrière les affiches élégantes des galeristes du quartier, on devinait déjà l’adorable désordre des librairies à l’ancienne, pleines de promesses et de trésors, où les piles de livres semblent tenir par miracle et où la logique du classement est si peu manifeste qu’elle invite au dialogue avec le libraire.

Ari se faufila entre les présentoirs où s’élevaient les clichés noir et blanc des cartes postales de Robert Doisneau et poussa la fragile porte vitrée. Il n’y avait qu’un seul client à l’intérieur, un jeune garçon rondouillard, le nez plongé dans une bande dessinée, à l’arrière du premier rayon. C’était un tout petit fonds de commerce, d’une vingtaine de mètres carrés, où le soin apporté à l’optimisation de l’espace l’emportait largement sur le moindre souci d’harmonie visuelle. Au beau milieu, un large meuble divisait la pièce en deux couloirs, l’un consacré aux romans, le second aux BD et aux beaux livres. Ari aurait pu jurer qu’il y avait davantage de bouquins entre ces quatre murs que dans certaines des plus grandes enseignes de la rue de Rivoli. Sans compter les piles qui prenaient la poussière dans la cave exiguë qu’il avait eu un jour le privilège de visiter.

Tout de suite à gauche, derrière une vieille caisse enregistreuse grise, perchée sur un tabouret de bar, une jeune femme leva lentement son regard préoccupé vers le nouvel arrivant. Adossée au mur, accroupie sur le tabouret, elle ressemblait à une étudiante d’université avec ses baskets à l’effigie des Sex Pistols. Elle portait un haut turquoise, bien léger pour la saison, dont la couleur se mariait à ses grands yeux bleus de petite fille étonnée, soigneusement soulignés de noir, et à sa belle peau cuivrée. Ses lunettes rectangulaires lui donnaient un faux air de secrétaire studieuse qui contrastait avec le piercing en acier qu’elle avait sur la langue et qu’elle ne cessait de faire glisser entre ses dents. Sa chevelure brune entourait son visage chafouin et descendait en cascade sur ses épaules fragiles. Elle avait un petit nez gracieux, de discrètes fossettes et des lèvres délicates, harmonieux ensemble où l’on devinait des sourires faciles. Elle était belle comme une nymphe qui s’ignore et fumait comme une star de l’Actor’s Studio.

D’un air contrarié, la jeune femme posa sur ses genoux le volume des Presses de la Renaissance qu’elle était en train de lire.

— Tiens ! C’est le retour du flicard…

Elle avait une délicieuse voix cassée qu’elle ne supportait pas mais qui avait toujours séduit Ari.

— Bonjour Lola.

— Eh bien ! Ça faisait une éternité ! Tu viens me rendre visite ou t’as un service à me demander ?

Ari haussa les épaules en jetant un coup d’œil au jeune client replet de l’autre côté de la boutique. Le garçon semblait bien trop occupé par sa BD pour leur prêter attention. C’était l’un de ces étudiants passionnés à qui la libraire laissait tranquillement découvrir les nouveautés du rayon. Ces gamins n’avaient pas les moyens d’acheter beaucoup de titres mais, mieux informés qu’elle, ils n’étaient pas avares de conseils et lui permettaient de connaître les dernières tendances quand passaient les représentants.

— Non, non, je venais te saluer. Qu’est-ce que tu lis ?

— Éloge du désir de Blanche de Richemont, répondit la jeune femme en exhibant un instant la couverture de son livre. Laisse tomber, c’est pas ton truc.

— Le désir ?

La libraire leva les yeux au plafond en tirant une bouffée sur sa cigarette.

— Mais non, ce genre de bouquins, pauvre idiot ! C’est trop bien pour toi. Tu pourrais au moins me faire la bise !

Ari se mit sur la pointe des pieds, passa la tête par-dessus la caisse enregistreuse et déposa un long baiser sur la joue de la jeune femme. Il réprima une grimace de douleur en sentant la blessure à sa hanche qui se réveillait.

— Où t’étais, Ari ?

— Bah, beaucoup de boulot en ce moment… Et toi ?

— Il n’y a pas grand monde, c’est pas folichon.

— On croirait entendre ton patron. Vous êtes toujours mécontents, vous, les commerçants !

— Ben, regarde. On peut pas dire qu’il y ait foule…

Le jeune homme derrière eux n’avait pas terminé sa lecture et personne d’autre n’était entré.

— En effet. Bon… En fait, Lola, euh…

La libraire secoua la tête, désabusée.

— J’en étais sûre ! T’as un service à me demander !

Ari passa de l’autre côté de la table et attrapa la main de la jeune femme d’un air penaud. Cela faisait maintenant trois ans qu’ils se connaissaient et il fallait bien admettre que leurs rapports n’étaient pas des plus simples.

Depuis quinze ans qu’il habitait le quartier, Ari, qui était un lecteur compulsif, avait toujours fréquenté le Passe-Murailles. Il aimait bien le propriétaire, un vieil anarchiste bolivien dont il se demandait comment il faisait pour rentabiliser son affaire et qui prétendait aujourd’hui être trop âgé pour tenir la boutique. Trois ans plus tôt, le Sud-Américain avait donc embauché une jeune femme – trente-cinq heures par jour, comme elle disait ironiquement – et la fréquence des visites d’Ari, déjà fort honorable, avait étrangement décuplé. Dès le premier jour, il était tombé sous le charme de Dolores Azillanet – qu’il était le seul à pouvoir appeler Lola –, une Bordelaise âgée de vingt-trois ans à l’époque, passionnée de littérature, de peinture et de bons mots. Enjouée, dissimulant sa fragilité derrière des airs délurés, elle avait rapidement manifesté, malgré leurs dix ans d’écart, l’intérêt qu’elle lui portait en retour. Trop vite et trop fort pour cet handicapé de l’engagement qu’était Ari. Ils avaient été amants pendant près d’un an, puis le fourbe avait pris ses distances, peut-être parce qu’il se sentait trop bien avec elle et qu’il avait peur de l’amour, du grand amour. Depuis, ils entretenaient tant bien que mal une amitié complice mais ambiguë. Lola, persuadée qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, en voulait à Ari de refuser l’évidence, et Ari, terrifié à l’idée de la décevoir un jour, feignait de ne plus éprouver pour elle qu’une connivence fraternelle, couchait avec des femmes sans intérêt, mais la désirait en secret. En somme, ils étaient deux imbéciles, comme tous les gens qui s’aiment.

— Tu dînerais avec moi ce soir ?

La libraire écarquilla les yeux.

— Tu te moques de moi ?

— Non… Ça me ferait plaisir.

— Tu as un problème ? Ou bien ça fait longtemps que t’as pas tiré un coup ?

Ari pencha la tête d’un air las.

— Non, non. Ça me ferait plaisir, c’est tout.

— Et on dînerait où ?

— Chez moi.

Lola secoua la tête en ricanant.

— Je vois le genre…

— Mais non, je t’assure ! Bon, fais comme tu veux, Lola. Ça me ferait vraiment du bien de dîner avec toi, juste dîner, mais si ça te saoule, je comprendrais parfaitement.

— Quelle heure ?

— 21 h 30 ? Je vais d’abord passer voir mon père.

Elle capitula en soupirant. Ari lui caressa la joue d’un air reconnaissant, puis sortit sans rien ajouter.

 

Le rasoir d'Ockham
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